Celui qui s’est réfugié dans sa foi a tôt vite conclu que tout, en dehors de celle-ci, devait se cataloguer, en termes singulièrement péjoratifs, dans « les croyances », et d’exiger alors des « preuves » qui puissent vérifier lesdites croyances, confondant sa propre foi – religieuse ou scientifique – avec ce qu’il appelle réalité.
Dans cette perspective, il n’y a donc jamais de « preuves » de l’existence féerique, surtout si l’on s’obstine à réfuter systématiquement des témoignages accumulés au cours du temps par un argumentaire plus dérisoire encore que ce qui l’avait suscité.
La plus banale des « preuves » (devenant vite épreuve) reste ces questions :
« Vous y croyez ? » « En avez-vous vu ?»
A cela, Guy DOR peut répondre affirmativement à la première proposition et ajoute qu’il n’a jamais perdu espoir concernant la seconde. Mais s’il n’en a pas encore « vu », d’où proviennent donc les sources de la multiplicité de ses représentations féeriques ?
La réponse est simple : comme les Fées sont issues de la Nature, leurs représentations le sont aussi.
Non par souci de paradoxe, ni de prosélytisme, mais avec cette conviction candide que plus les intentions sont réputées irréelles, plus elles seront accréditées en prenant racine dans le concret.
Dès lors,
pas un paysage qui ne soit issu d’une partie de notre monde terrestre,
pas un Dragon qui ne doive sa peau écailleuse à quelque reptile,
pas un brin d’herbe qui ne soit répertoriable,
pas un champignon dont on puisse confondre l’espèce, qu’il emprunte un joli corps de Femme, lui-même fidèlement retranscrit.
Toutes ces sources sont réelles, depuis les arbres magiques aux formes tortueuses jusqu’à l’aile de papillon qui suspend la Fée en vol.
Le regard de l’artiste a prédéterminé, dans l’ensemble de ses documents ou de ses « citations », l’exactitude de multiples assemblages, qui devra conférer au tableau outre sa cohérence, son aura d’irréalisme.
L’observateur attentif, s’il a l’esprit de catalogue, peut ainsi, à travers ces représentations, faire son inventaire de « références » possibles, certaines étant introduites dans le seul but de satisfaire sa curiosité, et de faire naître la jubilation du peintre friand de ces connivences aléatoires.
Mais passer ainsi au crible d’une réalité minutieuse, depuis l’immémoriale Morgane au plus humble des Pillywiggins, les diverses facettes de l’imaginaire féerique, ne serait-ce pas redonner à notre monde incertain sa dimension magique ?
Au moins, nous l’aurons tenté …
Ce texte fut rédigé par mon père pour la 1e mouture du site. A l’époque, nous nous posions beaucoup de questions concernant ce site :
moi sur la forme qu’il devait avoir et lui, comme un homme de sa génération découvrant Internet et ses possibilités.
Sa compréhension du sujet l’amena à prendre des positions définies sur des sujets importants :
– L’interet que pouvait représenter ce site par rapport à sa production
– Pour quelle raison il souhaitait representer des fées
– Comment en était-il arrivé cette démarche de figuration.
– et enfin comment les représenter et par rapport à quoi.
Je ne pensais pas qu’il rédigeait là une forme d’explication sur le sens de sa vie.
Mon pére à toujours chercher à représenter les émotions humaines sous la forme symbolique de la poésie et sous les traits précis de l’illustrateur.
Fini la SF, puis fini le retour à la poupée traditionnelle, maintenant, la source fondamentale de toute poésie, les diverses manifestations de Dame Nature doivent apparaîtrent sous leur forme symbolique la plus usuelle, la plus universelle, celle des personnages de Féerie.
Mon pére refusait par humilité, d’être un inventeur. Il préferait créer des assemblages de références choisies.
Un jour, ma mère trouva un anneau d’alliance dans le jardin et l’offrit à son mari. Dés lors, comme une réponse aux préoccupations qui l’animait, il se sentit lié à son jardin. Il a fallut à ma mère d’être trés convaincante pour qu’il comprenne qu’être enterré dans son jardin de fées pouvait être génant pour les gens lui survivant.
Ils décidèrent finalement d’opter pour une cérémonie dans le cimetière du village, qui se déroula cependant sous un ciel d’orage identique à ceux qu’il peignait si souvent.
Pourtant quand je vois fleurir au milieu des herbes de son jardin, un bosquet impromptu de pensées sauvages, je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’agit sans doutes des siennes.
Mais le jour où il rédigea le texte de cette page, comme souvent les quelquefois ou nous avons travaillés tout les deux, on a finit par bien rigoler.