Au pays des fées

Lyne

Durant la journée, les Fées sont toujours là, naturellement; seulement elles sont presque invisibles parce qu’elles font semblant d’être des Fleurs et elles le font très intelligemment.
Les Fées sont d’astucieuses petites créatures. Elles s’habillent exactement comme les fleurs de la saison, de sorte que vous pouvez regarder un Crocus, une Jacinthe ou un Lys sans vous douter que vous regardez une Fée tant elle se tient immobile.
Et pourtant dès que vous cessez de la regarder, elle s’enfuit aussi vite que faire se peut. Il est vrai que vous n’avez jamais songé à vous retourner pour voir ce qui se passait.
Vous ne pouviez pas vous douter qu’une Fée était aussi rusée.
Et cependant, je puis vous assurer que le peuple des Fées est un peuple très malin.
Tout ce qu’elles font n’est que ruses et faux-semblants.

Il est vrai qu’elles savent danser, mais les Faucheux, sur les murs, et les moustiques, le long des ruisseaux, dansent aussi. Elles organisent des réceptions magnifiques et très gaies, pleines d’agitation et de plumes, mais vous n’apprécieriez pas tellement les rafraîchissements qu’on y sert, peu abondants et sans grande saveur… Le sirop de primevères n’est pas sucré, les gâteaux sont si petits qu’il n’y a pas de miettes possibles; quant aux glaces …
Eh bien, il n’y a pas de glaces !

J.M. Barrie – Peter Pan

La figuration féerique demeure ambiguë. Si les témoignages des clairvoyants qui ont perçu ou vu les Fées présentent souvent des analogies dans la description des êtres de féerie, aucun malheureusement ne possédait cet autre don qui leur aurait permis de matérialiser leurs visions.

Quant à la photo, on se rappelle de l’incident de Cottingley et ses conclusions inabouties; d’autres courageuses tentatives photographiques nous séduisent par leur ambiance, leur lecture polyvalente ou l’heureuse fortune d’un hasard, mais nous restons dans l’incertitude.

Dès lors, sans négliger l’apport de la tradition, et diverses variantes folkloriques ou historiques:

– Que serait Morgane sans ses chevaliers arthuriens, Mélusine hors du cadre médiéval, les Fées Marraines de Perrault sans les ornements du XVIIe ?

– Comment illustrer la permanence des Fées à travers le temps ?

– Et à travers l’espace ?

Ne pouvant se soustraire à une lointaine hérédité irlandaise, il apparut plus évident à Lyne DOR de suivre par affinité les représentations féeriques de nos voisins anglo-saxons que celles de nos Contes de Fées « grand-siècle ».

Ses créations, ses créatures, sont donc proches de la Nature, coiffées de fleurs, vêtues de soie ou de lin, parées de perles (de rosée ?) ou de plumes d’oiseaux.

Certes, elles sont toutes ravissantes et désirables, mais toutes aussi inaccessibles : leur regard nostalgique, parfois malicieux, nous renvoie à notre condition d’êtres humains, elles qui ont les clefs de plusieurs mondes.

Et en quoi sont-elles faites ? De la matière impalpable des Songes ?
Mais non, celle-ci est par trop malaisée à travailler …
La céramique ou la porcelaine même fines sont encore trop terrestres pour des Fées ; quant à la terre elle-même, tout juste bonne pour les Gnomes ou les Nains dont ils sont issus;
Et le Bois ? Hormis quelques Dryades …

Non, le matériau se présente comme une résine de synthèse, qui offre, outre sa malléabilité propre à des finesses de modelé, un aspect doux et presque translucide qui évoque subtilement la sensualité mystérieuse des Fées. C’est pourquoi leurs fins cheveux sont en mohair et leurs yeux en cristal.

Ces êtres de la Nature ont leur taille réelle, du moins celle perçue par Lyne: elle sait qu’à ses yeux elles n’excèderont jamais quarante centimètres. Leurs turbulentes compagnes, les jeunes princesses aux ailes somptueuses, sont encore plus petites. Quant aux Lutins, ils tiennent aisément dans un bocal ou un pot, d’où ils aiment parfois nous surprendre …

Toutes ces pièces uniques sont signées et datées sur la nuque.


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